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DU SALUT EXPRIME PAR LES PHYLACTERES
«
L’inscription tend à expliquer à elle
seule la teneur du message. Mais souvent le phylactère
lui-même, par sa forme, sa direction fait geste, comme un prolongement
du personnage en direction de celui qui l’écoute. »
(Jean Claude Schmitt, La raison des gestes dans l’occident médiéval,
Gallimard, NRF, 1992, p. 258)
A « elles seules
» les inscriptions peuvent-elles
répondre aux questions que suscitent les figures du tympan :
- est-ce le Jugement dernier, la Fin des Temps, la damnation, l’Enfer
éternel ?
- ou bien s'agit-il du Jugement Particulier, du temps présent,
de la Grâce et du Tartare Purificateur ?
La clef de l’énigme serait-elle suspendue aux mots des phylactères,
comme le suggère Jean Claude Schmitt ?
Le message codé des inscriptions du Paradis ouvrirait-il la porte
du Purgatoire ?
C’est ce que démontre
l’analyse des gestes, des lettres et des
phylactères.
Si les Tartares posent la question de savoir s'il s'agit de l'Enfer ou du Purgatoire, les Demeures angéliques, elles, par la mise en scène
du jeu des suffrages et par les multiples allusions à la Grâce
donnent une réponse clairement en faveur du second terme de l'alternative.
Ainsi à Conques l’interrogation de Jacques Le Goff trouve
toute sa justification : il se demande en conclusion de son ouvrage sur
« La naissance du Purgatoire », « si l’élément
moteur, organisateur n’a pas été le Paradis qui a
si peu suscité l’intérêt des historiens, et
qui si je consulte mon dossier, ne me paraît pas si fade et monotone
qu’on l’a dit. » (Le Goff, La naissance du
Purgatoire, Folio histoire, 1981, p. 484)
Les inscriptions de Conques nous fournissent une parfaite illustration
de la thèse des médiévistes Jacques Le Goff
et Jean Claude Schmitt, mais aussi l’assurance
que ce n’est pas le Jugement dernier ni l’Enfer qui sont représentés,
mais bien, comme souhaite le démontrer l'ensemble de ce site, le
Jugement Particulier et l'intuition du Purgatoire.
L’interprétation
des figures, du discours et des expressions implique la prise en compte
des règles d’usage des temps médiévaux, dont
les principes sont la distinction des quatre
sens de l’Ecriture, la Polysémie
des figures, le recours aux signaux de
l’ars memoriae,
et tout particulièrement la lexicographie qui doit s’interpréter
dans le cadre de la théologie eschatologique chrétienne
du XIIe siècle. Démonstration :
UN TELESCOPAGE TEMPOREL
En premier lieu, les temps
employés dans les inscriptions sont significatifs :
- Dans le registre du Ciel, c'est le futur : “Ce
signe de la croix sera (ERIT) dans le ciel quand
le seigneur sera venu pour juger”. La fin des temps, le Jugement dernier sont annoncés
mais ils se situent dans l'avenir.
- Sur le bouclier de l'ange qui escorte le Christ de la parousie, les
verbes sont également exprimés au futur : “Les
anges apparaîtront (EXIBVNT) et sépareront
(SEPARABVNT)...”
- En revanche, les verbes
qui décrivent la situation des élus dans les Demeures paradisiaques
comme des éprouvés du Tartare sont au présent.
C'est la situation actuelle, celle que connaissent les défunts
depuis leur jugement particulier. (On pourrait même penser d'un
certain point de vue, que les vivants pourraient bien se reconnaître
d'un côté ou de l'autre du tympan). “Tous les pervers
sont plongés dans les Tartares”, “Ils
tremblent devant les démons et gémissent”
tandis que les “Chastes, les pacifiques, les doux [...]
se tiennent debout...”. Il en va de même pour les
paroles du Christ, inscrites à l'impératif présent
sur les phylactères : “Venez
les bénis de mon Père [...] Eloignez-vous
de moi, maudits...”, ce qui est normal puisque la Parousie
est considérée comme un “Eternel présent”.
(Saint Irénée)
- Enfin, l'admonition finale se conjugue au subjonctif
présent (TRANSMVTETIS NISI) : “A moins que vous ne modifiiez vos mœurs, sachez que vous subirez un rude jugement”. C'est une invitation à changer nos agissements ici et maintenant en préparation d'un jugement avenir.
Ce
“télescopage temporel” grammatical pour reprendre l'expression
pertinente de François De Coster (1),
est très révélateur et semble couler de source. Il
est cependant en partie responsable de la confusion qui a favorisé
l'interprétation traditionnelle d'une représentation du
Jugement dernier lors de la Fin des Temps.
En second lieu, toujours à propos de terminologie,
faisons un arrêt sur l’image essentielle des quatre
banderoles angéliques qui forment la toiture
de la Demeure Paradisiaque.
LES VERTUS THEOLOGALES
La classification des vertus
héritée de l’antiquité connaît une évolution : les quatre vertus
païennes qualifiées de « cardinales
» par saint Ambroise (« Prudence, Justice, Fermeté
et Modération »), ont été remplacées (dans la perspective
eschatologique du XIIe siècle) par les vertus « théologales
» : la Foi, l'Espérance, l'Amour (FIDES, SPES,
CARITAS) qui sont gravées sur les banderoles déployées
par les anges baignés par les ondes célestes. D'autres
viennent les compléter : l’Humilité (<H>UMILITAS)
plus une autre moins facile à identifier, car effacée et
peut-être surimprimée : on a cru y lire la Constance (CONSTANTIA)
(2) puis la vertu cardinale de la Tempérance (TEMPERANTIA),
mais ce n'est pas certain, bien que cette vertu puisse constituer un sésame
du tympan ! (3)
En
effet, la tempérance, aux dires de Jean Claude Schmitt est capitale
dans le vocabulaire eschatologique :
« Un des mots majeurs autour duquel se développe dès
l’antiquité cette réflexion éthique sur le
geste est "modestia", qui implique
la notion de mesure (modus), et le juste milieu (mediocritas).
[…] Avec le bannissement de tout excès, la notion incarne
le vieux principe delphique "rien de trop". […] "Modestia" est une vertu. Le mot est synonyme de
"Temperantia", quand il n’en
est pas l’une de ses catégories. […] Se trouve ainsi
formulé dès cette époque le système complet
de ce que l’Eglise à partir de saint Ambroise va appeler
les quatre vertus cardinales […] appelées
plus tard théologales, et qui forment la base
de la théologie morale de l’Eglise. » Jean-Claude
Schmitt, op. cit. p. 68).
LES
BASES THEORIQUES DU PURGATOIRE
C’est bien cette
théologie morale qui fonde justement le Purgatoire
:
Traitant de « l’Epure scolastique du Purgatoire »,
Le Goff, dans la naissance du Purgatoire, conclut une citation
d’Albert le Grand de la façon suivante :
« la réflexion sur le Purgatoire se greffe sur
une théologie des vertus cardinales. »
Puis il cite à nouveau le théologien du XIIIe
s. qui examine les fondements du Purgatoire dans son Commentaire
des Sentences de Pierre Lombard, (Livre IV, article 3 de
la distinction XXI) : « le fondement est bien, au fond, la Foi
qui fait subsister en nous l’espérance.
Les matériaux donnent la substance à l’édifice,
mais les parois, c’est l’espérance
tendue vers les choses éternelles, et au faîte il y a l’amour
(caritas) qui est le lien de la perfection. » Plus
loin, dit Le Goff, Albert « démonte les objections contre
le purgatoire en réfutant le parallélisme entre le bien
et le mal, en ajoutant dans la balance de la justice le poids de l’amour
et en affirmant que dieu “après la mort ne récompense
que ce qui lui est semblable par l’amour et ne condamne personne
d’autres que ceux qui […] le haïssent. […] Aucun
de ceux qui sont purgés ne sera condamné”. »
(Albert le Grand, cité par Le Goff, op. cit. p. 349-350).
Foi, Espérance,
Amour, et Tempérance, voilà les quatre fondements du Purgatoire
proclamés par le les anges messagers du Ciel. Qui dit tempérance,
dit suffrages et mitigation des peines, autrement dit, Purgatoire, et au final, la rédemption.
Saint Bernard de Clairvaux, mort en 1153, est le penseur le plus proche du tympan de Conques à la fois chronologiquement et théologiquement (mais certainement pas esthétiquement !). Dans son 42e sermon divers il emploie le terme de purgatoire pour désigner la région où les pécheurs qui peuvent espérer une rédemption sont soumis aux épreuves du démon afin d'être purifiés.
Confirmation
est donnée par la gestuelle : Marie implorant pour les pécheurs,
Jérôme proclamant la miséricorde. |
|
Si, comme le dit Jean-Claude Schmitt, le phylactère contient la
teneur du message et indique la direction de la personne à qui
il s’adresse, nous en trouvons l’illustration dans le parallélisme
des mains de Marie tendues vers le Christ avec la ligne montante du phylactère
qui proclame la « Temperantia ».
Cette convergence trouve son répondant dans une autre référence
de Jacques Le Goff : « En cette fin du XIe siècle
où le culte marial, qui va connaître un succès foudroyant,
prend son essor tardif en occident, la Vierge Marie s’affirme déjà
comme la principale auxiliatrice des défunts du futur Purgatoire.
» (Le Goff, op. cit. p. 243)
Saint Pierre est également
représenté, porteur de son bâton pastoral et bien
sûr de la clef du paradis. Ce poncif ne voudrait-il pas suggérer
aussi que la clef d'interprétation du mystère chrétien
pourrait se trouver dans les écrits de cet apôtre ? Voir
à ce sujet notre inventaire des correspondances entre le
tympan et les épîtres de Pierre. |
|
Quant
à la présence de Saint Jérôme,
considéré comme le plus origéniste des Pères
latins, elle se justifie par le renouveau origéniste du
XIIe s. remarqué
par Dom Jean Leclercq. (4) Son emblème
renvoie à ses textes miséricordieux, comme en témoigne
son Commentaire d’Isaïe :
« Nous croyons que pour les pécheurs cependant
chrétiens dont le feu doit purifier les œuvres, la
bonté du juge tempèrera la justice »
(in Isaïam, livre LXVI, cité par Le Goff,
op. cit. p. 90). Encore et toujours la tempérance
!
|

Saint Jérôme, faisant le signe de la foi, est désigné
par un phylactère très abîmé (Yeronimus) |
Ne soyons point surpris
de trouver justement la statue d’Isaïe qui devait normalement
constituer un des pieds droits, soutien de tout l’édifice
: elle confirme ce souci d’afficher l’aspect miséricordieux
de la composition, car le Dieu d’Isaïe est « celui
qui jette le péché de l’homme derrière son
dos » (Is 43 : 25), et qui « efface
les fautes comme un nuage. » (Is 44 : 22)
Enfin, dernier geste lapidaire
confirmant le recours à la miséricorde, l’écoinçon
de sainte Foy, elle aussi implorant : il nous renvoie aux deux textes
qui la concernent directement, à savoir sa liturgie et sa Chronique,
qui témoignent de la pratique des suffrages et de la conception
d’une étape transitoire où l’on se purge. Bouillet
et Servières citent cette liturgie : « Par ta prière
[sainte Foy] obtiens qu’on ne nous livre pas aux flammes
du Tartare et que le juge équitable sépare le grain
de la paille » (in « Sainte Foy vierge et martyr
», Carrère, Rodez, 1900. p. 636)
La Chronique de son côté contient une supplique équivalente
: « Implorez auprès de Sa miséricorde le pardon
de nos péchés, et au jour du jugement suprême inclinez
Son cœur à une mansuétude une miséricorde infinie.
»
|
Ainsi,
à travers le Tartare, s’installe le Purgatoire et son
vocabulaire, tel que par exemple l’a révélé
Geoffroy de Poitiers, qui reprend et définit
le terme de Tartare pour désigner le Purgatoire : «
Mieux vaut dire qu’il y a diverses demeures dans
le Purgatoire : les unes sont appelées lieux obscurs
des ténèbres, d’autres mains de l’enfer,
d’autres gueule de lion, d’autres Tartare.
Et de ces peines, l’Eglise demande que les âmes des
morts soient libérées » (Le Goff, op.
cit. p. 240). C’est exactement ce que font, sous la conduite
de Marie, les membres de l’Eglise en marche intercesseurs
des pécheurs actuellement éprouvés dans le
Tartare.
CORRELATION AVEC LE “PURGATOIRE DE SAINT PATRICK"
En remontant aux
sources du concept de Purgatoire, Le Goff analyse tout spécialement
« le “Purgatoire de Saint Patrick”
parce qu’il est en quelque sorte l’acte de naissance
littéraire du Purgatoire ».
Cette légende, qui raconte la descente
au Purgatoire du chevalier Owein (Yvain) en 1153 dans le monde souterrain
de l’île du comté de Donegal (célèbre
depuis l’époque de l’évangélisateur
de l’Irlande), a fait l’objet de transcriptions littéraires
à la fin du XIIe et au XIIIe s. dont celles d'Henri de Saltrey et de marie de France sont les plus connues. (5)
Le
récit d'Henri de Saltrey comporte une description du purgatoire,
riche en détails, dont plus d’une dizaine de scènes
sont identiques à celles de l’iconographie du tympan
de Conques. On constate alors que l’imaginaire du Purgatoire
à l’aube du XIIIe siècle correspond
point par point à l’image qui nous est donnée
à contempler dans les Tartares à Conques.
Dans les deux cas, on relève :
- la présence d’une foule de démons,
- des ténèbres éclairées par les flammes,
- des éprouvés qui sont la « proie des
serpents et des crapauds de feu,
des hommes et des femmes fouettés par des
démons, un véritable champ de supplices les plus divers
où les uns sont suspendus par des crochets,
d’autres victimes d’une cuisine infernale,
cuits au four ou rôtis à la broche.
» (J. Le Goff, op. cit., p. 263)
Quant à ceux qui ont échappé aux « démons
furieux », ils se trouvent libérés
dans le « Paradis Terrestre » où ils
sont parvenus « parce qu’ils ont expié
leurs péchés », étant parvenus «
après leur purgation au repos, ou finalement
ils sont sauvés (…) leurs épreuves
allégées ou abrégées par les psaumes,
prières et aumônes faites pour eux (…)
bénéficiant de ce grand repos et de cette joie (…)
avant de monter au ciel » (Le Goff, op. cit.
p. 264). On croirait qu'Henri de Saltrey a rédigé
son récit en contemplant Conques !
Une analogie si évidente entre les deux œuvres, tant
pour décrire les éprouvés que les élus,
et non seulement dans l’iconographie mais également
dans les termes des inscriptions (Requies,
Gaudia) confirme que le Tartare de Conques
est bien la préfiguration de ce qui sera le Purgatoire.
S’il est vrai que le Jugement de Conques est un prototype
dont s’inspireront les Jugements derniers gothiques, ce qui
explique que l’on ait pu le considérer jusqu’ici
comme un Jugement dernier avec
son Enfer éternel, il n’en demeure pas moins qu’il
représente en fait un Jugement
Particulier, avec des épreuves transitoires et provisoires
au Tartare. Il n'est d'ailleurs pas exclu de penser que ce tympan a pu être sculpté dans la seconde moitié du XIIe siècle, période où germe le concept de purgatoire.
CONCLUSION
Ainsi, le Tartare
n’est pas l’Enfer, mais le lieu transitoire où
nous dit saint Pierre « sont gardés les anges rebelles
en attente du Jugement [Dernier] » (II Pierre 2 : 4) (6)
Le Christ de Conques n’édicte pas le verdict du Jugement dernier pour une condamnation éternelle, et l’admonition
finale subjonctive « O peccatores nisi transmutetis
» (ô pécheurs, si vous ne changiez
pas vos mœurs...) vise bien au contraire le temps présent
et le temps intermédiaire du Purgatoire, remettant
à un futur (futurum), vierge de tout écrit,
le risque possible de l’enfer que les paroles entourant la
mandorle du Christ annoncent pour la Fin des temps, et non pour
le présent.
Rappelons l’avis de Jacques Le Goff : selon lui, les prémisses
conceptuelles du Purgatoire sont caractérisées «
à la fin du XIIe siècle par une conception
non infernale, sinon pré-paradisiaque, dominante »
(Le Goff, op. cit. p. 339). Cela vaut, a fortiori,
pour le début du XIIe s.
Enfin, pour donner le dernier mot à la grâce divine
qui sauve les pécheurs des affres de l’enfer -et à
plus forte raison du Tartare-, nous ferons appel à deux inscriptions
:
- la première est le secret de « la Grâce »
ou de « la Félicité
». C’est écrit, au plus haut niveau
du Ciel sur la robe de l’ange à la trompe, mais crypté
puisque gravé en caractères coufiques arabes («
Al Hamda » ou « Al youm ») ;
- la seconde, gravée en vers léonins sur un linteau
conservé au musée Joseph Fau, confirme l'octroi du
Salut à tous et à chacun, par un Dieu de bonté
:
|
HAS
BENEDIC VALVAS QUI
MUNDUM REX BONE SALVAS
ET NOS DE PORTIS SIMUL
OMNES ERIPE MORTIS. |

Linteau, collection lapidaire du musée de Conques. Calcaire
de Lunel (93,5 cm x 42 cm) |
« Bénis cette porte, Roi
de bonté, Toi qui sauves le monde,
et en même temps arrache-nous tous des portes
de la mort. » |
|
Inscriptions
et gestes s’inscrivent dans le grand schéma de
l’histoire du Salut, et dans l’espérance
d’un premier jugement miséricordieux dès la mort,
qui réserve aux éprouvés du Tartare la grâce
du Purgatoire tempéré par les grâces du Seigneur-Roi,
et la lumière du feu du jugement qui éclaire sans consumer
: « Là où le péché abonde,
la grâce surabonde. » (Saint Paul, Epître
aux Romains 5 : 20).
Trois
indices graphiques plaident en faveur d'un Jugement miséricordieux
et de la grâce accordée par le Rédempteur :
- 1) la “diagonale de la Grâce”
, ligne géométrique qui part des ondes du Père dans
le Ciel, passe par les deux mains du Saint Sauveur, et aboutit sur le
visage de “l'homme restauré” aux pieds de Satan, ligne
qui suggère que le Christ recueille les Grâces divines pour
les déverser sur les pécheurs (Cf. chapitre
2) ;
- 2) les croix gravées dans le plateau de balance
du Jugement, qui l'emportent largement sur les péchés du
défunt (Cf. chapitre 1) ;
- 3) le geste des mains de Marie qui intercède
en faveur des éprouvés du Tartare (Cf. chapitre
4).
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Voir le dossier de presse
Voir les rubriques “Histoire de l'art" et le langage du tympan
(1) François
De Coster, Pour une relecture des inscriptions du tympan de l'abbatiale
de Conques, Etudes aveyronnaises 2010, p. 300. (remonter)
(2) Cf. la description
de Prosper Mérimée, in Notes d'un voyage en Auvergne,
Paris, Fournier, 1838, p. 169-192. Mérimée rajoute p. 185 que certaines lettres des inscriptions sont peintes et non gravées et partiellement effacées. (remonter)
(3) Selon l'avis
du philologue François De Coster.
“Un examen plus attentif de la banderole présentée
comme portant constantia permet pourtant de déchiffrer
les trois premières lettres : il s'agit, sans conteste, de TEM
(le E étant clairement oncial)”, François De Coster,
op. cit. p. 298. Toutefois, ses travaux de déchiffrage
de ce palimpseste se poursuivent et de nouvelles hypothèses se
dessinent. Nous en ferons état dès leur publication. (remonter)
(4) Le discours monacal
recourt aux Pères de l'Eglise, « selon
une théologie ordonnée à l'amour, [...] une connaissance
savoureuse amie de Dieu [...] faisant plus spécialement référence
à Saint Jérôme [...] avec un renouveau origénien
du XIIe siècle.
» Dom Jean Leclercq, L'Amour des lettres et le
désir de Dieu, Cerf, 1957.) Sur la question du salut, la pensée d'Origène peut se résumer à une conception universelle du salut : pour lui, les peines de l'enfer ne sont pas éternelles, toute chose étant appelée à être restaurée dans son état d'origine (c'est l'apocatastase). L'enfer est destiné à purifier progressivement tous les pécheurs et même les démons pour les ramener à l'état de pureté pré-adamique. (remonter)
(5) Cf. le "Tractatus
de Purgatorio sancti Patricii" rédigé vers 1180 par
Henry of Sawtry, moine cistercien de l’abbaye de Saltrey ; ou encore son adaptation en anglo-normand, "L'Espurgatoire
Seint Patriz" de la poétesse Marie de France. Jacques Le Goff
étudie les gestes de ce chevalier Owein dans l'imaginaire médiéval
: “Les gestes du Purgatoire ne sont que le miroir grossissant
des gestes terrestres. Le chevalier Orwein est bien -comme l’homme
de l’occident chrétien médiéval-, un pécheur
in via, un viator, qui gesticule dans un système gestuel
où l’enjeu du geste est la Vie (ou la Mort) éternelles.” J. Le Goff,
L'imaginaire médiéval, nrf, 1991, p. 135
(remonter)
(6) Ces anges déchus
sont les démons expédiés au Tartare, littéralement
"Tartarisés", c'est à dire placés
dans les entrepôts des ténèbres dans l'attente du
jugement. Ce Tartare, éloigné du Purgatoire tel que le concevra
le Concile de Trente en 1563, n'est pas non plus l'Enfer.
(remonter)
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